Les Vampires de Salem
Salem's Lot - 1979
Un écrivain incarné par David Soul (Starsky et Hutch) revient dans la ville de son enfance pour y retrouver une maison maudite. Cette maison est devenue tout récemment la propriété d'un antiquaire venu de la vieille Europe et de son associé, un certain Mr Barlow...
Pas d'outrance, pas d'excès, cette adaptation d'un roman de Stephen King revisite l'épouvante dans ce qu'elle a de plus classique.
Et avec une grande maîtrise du récit et une vraie rigueur dans la mise en scène, Tobe Hooper parvient sans mal à captiver tout le long des trois heures de cette télésuite en deux parties. Il joue sur les ellipses et les ruptures avec une utilisation très habile des fondus au noir, faisant de chacune de ses scènes les phrases d'un livre.
S'il y a des libertés prises avec le roman (des personnages absents), on sent un profond respect du matériel originel. Tout le style littéraire du King transpire dans cette adaptation : le cadre d'une petite ville du Maine, beaucoup de personnages qui s'entrecroisent (avec tous les détails de leurs vies au quotidien) et l'irruption de l'horreur gothique (ici Mr Barlow sous les traits de Nosferatu, sorte de cousin germain à Dracula) dans le monde moderne (la contamination des Vampires fait penser à une maladie qui décimerait une ville...).
Dépassant le cadre du téléfilm ou du roman, Tobe Hooper parvient à immiscer dans notre esprit des images chocs, dotées d'un pouvoir d'évocation remarquable : un vampire sous les traits d'un enfant qui tape à la fenêtre de son frère, le croquemort au dessus d'un cercueil, les plans sur les animaux vivants ou morts (dobermann, animaux empaillés...) ou bien les différentes apparitions de Mr Barlow rappelant avec la même force le vampire de Murnau...
D'ailleurs l'image subliminale du visage de Mr Barlow lorsqu'il s'attaque à Ned dans la prison est une véritable vision d'horreur ! L'effroi est garanti !
Celle du docteur empalé sur une collection de cornes de bêtes sur fond rouge rappelle à l'évidence la collection macabre sur le même fond rouge de Leatherface dans Massacre à la tronçonneuse.
Avec une somme d'images aussi marquantes, Les Vampires de Salem est une des meilleures adaptations télé d'un roman de Stephen King (oubliez celles de Mick Garris) et surtout un des meilleurs films de son réalisateur.