Le Crocodile de la Mort
Eaten Alive - 1976
Après Massacre à la Tronçonneuse, Tobe Hooper s'attaque à l'histoire vraie d'un tenancier de bar, vétéran de la 1ère guerre mondiale, qui donnait ses victimes en pâture à ses alligators. Avec son confrère Kim Henkel, il transpose l'histoire de nos jours (enfin, dans les années 70) quelque part dans les marécages de la Louisiane...
Tourné en studio, avec de la brume, quatre planches en bois pourries et des lumières styllisées rappelant le baroque des Giallos, l'hotêl miteux et sa rade sur l'insondable marais devient un lieu de pure folie presque irréel.
On se demande d'ailleurs comment des gens veuillent bien passer la nuit dans un endroit aussi sordide. Vu la trogne de Judd, le propriétaire, incarné par un Neville Brand transfiguré, il y a en effet de quoi prendre ses deux jambes à son cou et s'enfuir. D'ailleurs, c'est ce qu'essaye de faire sa première victime, une prostituée... Ou plus tard, une innocente petite fille dans une scène de poursuite d'un absurde et d'une hystérie qui font froid dans le dos.
Judd est LE monstre du film !
Il est d'ailleurs assez amusant de constater que le bonhomme à la grande faux et aux petites lunettes (il les enlève quand il commet un meurtre) soit plus effrayant que le fameux crocodile. Survendu par le titre français ou le visuel des affiches, ce morceau de bois qui flotte n'est pas très mobile et assez peu crédible. Hooper a la très bonne idée d'en faire plutôt une sorte de tapis sous lequel on cacherai la poussière. Ici, les cadavres que jette par dessus la rambarde notre bon vieux Judd disparaissent un à un sous les crocs du croco.
Trouble, malsain, ce cauchemar est d'une densité remarquable et les approximations de la mise en scène, liées au départ pendant le tournage de Tobe Hooper (qui n'acceptait pas le coté gratuit des scènes de nudité imposées par le producteur), n'enlèvent en rien au caractère suffocant de l'oeuvre.
L'ambiance de bayou bien crade rappelle celle de Massacre à la Tronçonneuse : les personnages, en dehors du psychopate, ont souvent un grain (le père de la gentille famille est complètement siphoné) et les meurtres crapouilleux et sanglants donnent à l'ensemble un coté pervers, extrême, le genre "VHS vendue sous le manteau". Du tout bon, du très bon Hooper !